samedi 28 novembre 2015

Comprendre l'Āyurveda : le processus de développement des maladies selon l'Āyurveda

L'Āyurveda décrit six stades de développement de tout processus pathologique  :
  
  1. Accumulation (sañcaya) : c'est une phase silencieuse, sans symptômes extérieurs, qui se caractérise par une augmentation d'un (ou de plusieurs) doṣa en son (leur) site(s) propre(s).
  2. Aggravation (prakopa) : le doṣa en excès s'accumule au point de provoquer des symptômes eux-mêmes déclenchés ou aggravés par les conditions climatiques, les erreurs alimentaires ou de rythme de vie.
  3. Dissémination (prasara) : le doṣa en excès diffuse en dehors de ses localisations propres et se propage dans tout l'organisme, perturbant les autres doṣa et les dhātu. Les symptômes sont alors plus généraux.
  4. Localisation (sthāna saṁśraya) : le doṣa errant va se fixer sur les zones de faiblesse de l'organisme, là où se trouvent des dépôts d'ama, et provoquer, à ce stade, les prodromes d'une maladie spécifique.
  5. Manifestation (vyakti) : à ce stade, une maladie spécifique aux symptômes déterminés est exprimée.
  6. Complication (bheda) : la poursuite de l'augmentation du doṣa vicié provoque alors les complications de la maladie spécifique déclenchée.

Bien évidemment, plus le problème est pris tôt et plus il est facile à traiter. Tandis que la médecine occidentale ne commence à s'alarmer et fournir des remèdes au mieux qu'au quatrième stade, et le plus souvent qu'au cinquième, l'Āyurveda est capable de déceler le déséquilibre dès le premier ou le deuxième stade, et de proposer des solutions pour rétablir l'équilibre des doṣa et ainsi empêcher la maladie de se déclarer.

lundi 6 juillet 2015

Venue du Docteur Milind Sathe en août

J'aurai le plaisir de recevoir en août le Docteur Milind Sathe, médecin ayurvédique à Pune en Inde, qui collabore depuis plusieurs années avec des praticiens en Allemagne. Il proposera pour la première fois en France des consultations individuelles pendant lesquelles il pourra vous faire profiter à la fois de sa profonde connaissance de la science ayurvédique (et de ses remèdes) et de son expérience auprès des patients occidentaux.

Les consultations, d'une durée d'environ 45 minutes, auront lieu en anglais, mais je serai présent pour assurer la traduction.

Dates : les 14, 15 et 16 août à partir de 19 h
Lieu : 10 rue Victor Méric - 92110 Clichy (métro Mairie de Clichy - ligne 13)
Tarif : 80 € (65 € si vous prenez rendez-vous avant le 1er août)

vendredi 5 juin 2015

Comprendre l'Āyurveda : les dhātu

Selon l’Āyurveda, le corps humain est composé de sept dhātu (de la racine sanskrite « dhā » qui signifie « soutenir »). Ces sept tissus vitaux de base sont responsables de toute la structure du corps. Ils entretiennent les fonctions des différents systèmes organiques et parties vitales du corps.
Ces dhātu forment une partie du mécanisme biologique de protection. Avec l’aide d’agni, ils sont en charge du mécanisme immunitaire. Lorsqu’un dhātu est défectueux, il affecte le dhātu suivant, chacun recevant sa nourriture du dhātu précédent.

Voici les sept dhātu dans leur ordre successif :
  1. Rasa (plasma ou chyle) : il contient les nutriments de la nourriture digérée et nourrit tous les tissus, organes et systèmes.
  2. Rakta (sang) : il gouverne l’oxygénation de tous les tissus et organes vitaux pour maintenir la vie.
  3. Māṁsa (muscles) : il couvre les organes vitaux, engendre le mouvement des articulations et maintient la force physique.
  4. Medas (graisses) : il maintient la lubrification et l’onctuosité de tous les tissus.
  5. Asthi (os) : il maintient la structure physique du corps.
  6. Majjā (moelle et nerfs) : il remplit les espaces osseux et transporte les impulsions motrices et sensorielles.
  7. Śukra (tissu reproducteur) : il est responsable de la reproduction.
Les sept dhātu sont appréhendés comme un ordre naturel et biologique de manifestation. L’après-digestion de la nourriture, appelée āhāra rasa (de āhāra, la « nourriture » et rasa, le « suc ») ou plasma nutritif, contient l’alimentation de tous les tissus. Ce « plasma nutritif » est transformé avec l’aide de la chaleur, appelée dhātvagni, dans chaque dhātu afin de le former et de produire la nourriture nécessaire au dhātu suivant (il existe ainsi sept dhātvagni, un pour chaque dhātu : rasāgni, raktāgni…). Rasa est transformé en rakta, qui se manifeste ensuite en māṁsa, etc.
Les dhātu sont nourris et formés de façon à maintenir les fonctions physiologiques normales des différents tissus, organes et systèmes.
Lors de sa formation sous l'action de son dhātvagni spécifique, chacun des sept dhātu produit un ou plusieurs tissu(s) secondaire(s) (upadhātu) et des déchets (mala). Il est également relié à un organe spécifique et à un doṣa. Tout cela est présenté dans le tableau suivant.



Ojas


À la fin de ce processus de métabolisation des dhātu, il reste encore une substance très subtile appelée ojas. Il s'agit d'une forme supérieure et bénéfique de kapha. Ojas est considéré comme l'élixir de vie, l'essence de tous les tissus. Il est le principal facteur d'endurance et d'immunité physique et mentale. Selon l'un des principaux traités d'Āyurveda, la Caraka Saṁhitā, huit gouttes d'une forme particulière d'ojas sont présentes dans le cœur de chaque être humain dès sa naissance et correspondent à son immunité primordiale.

Afin qu'ojas soit produit en quantité suffisante, il est donc indispensable d'avoir une alimentation de qualité (et notamment d'ingérer une nourriture sāttvique et nutritive) et un feu digestif équilibré (samāgni). Certaines plantes ayurvédiques comme l'āmalakī (Emblica officinalis) ou l'aśvagandhā (Withania somnifera) permettent aussi de produire de l'ojas. Enfin, le contrôle de l'énergie sexuelle (brahmacarya : réduction de l'activité sexuelle ou rapports sexuels sans éjaculation), le contrôle des sens (pratyāhāra : réduction de l'énergie perdue dans les plaisirs sensoriels, en particulier par les yeux et les oreilles, grâce notamment, quand cela est possible, au contrôle de la qualité des impressions sensorielles qui nous parviennent), la dévotion (bhakti yoga : orientation vers l'intérieur de notre énergie émotionnelle à travers l'amour de Dieu) et la méditation (conscience sans pensée) sont également des grands facteurs de développement d'ojas.

samedi 23 mai 2015

Cuisine et santé : Rava laddu

Les laddus (ou laddoos) sont des gourmandises en forme de boule très prisées dans tout le sous-continent indien. Il en existe une une très grande variété. La version que je vous propose est faite avec du rava, une semoule très fine très populaire en Inde. Elle m'a été transmise par Sumaija Asghar, une spécialiste de la cuisine du Malabar.

Comme ils sont assez riches en sucre et en graisse, les rava laddus conviennent mieux aux personnes vāta (ou pitta) qu'aux personnes kapha, et sont de toute façon à consommer sans excès.

Ingrédients

  • 1 tasse de semoule de blé fine
  • 1/3 de tasse de noix de coco râpée (fraîche si possible)
  • 1/4 de tasse de ghee
  • 3/4 de tasse de sucre de canne roux (jaggery, si possible)
  • 2 cuillerées à soupe de noix de cajou entières ou grossièrement concassées
  • 1 cuillerée à café de raisins secs
  • 1/2 de cuillerée à café de cardamome en poudre

Préparation


Faire chauffer une cuillerée à soupe de ghee à feu moyen dans une casserole. Faire revenir les noix de cajou pendant environ 2 minutes jusqu'à ce qu'elles soient bien dorée, puis ajouter les raisins secs et faire revenir le tout pendant une minute, jusqu'à ce que les raisins secs gonflent. Déposer les noix de cajou et les raisins secs dans un bol et réserver.

Ajouter le restant de ghee, et quand il est chaud, verser la semoule et la faire revenir pendant environ 6 à 7 minutes, jusqu'à ce qu'elle change légèrement de couleur. Veiller à bien remuer sans s'arrêter afin que la semoule colore de façon uniforme. Ajouter la noix de coco râpée et faire revenir pendant encore 2 minutes sans cesser de remuer. Ajouter les noix de cajou, les raisins secs, la cardamome et le sucre, bien remuer, puis éteindre le feu. Ajouter environ 2 cuillerées à soupe d'eau chaude* et bien remuer.

Laisser le tout refroidir légèrement. Pour chaque laddu, prélever l'équivalent d'une cuillerée à soupe et demie de préparation et la faire rouler entre ses mains de manière à former une boule un peu plus petite qu'une balle de tennis. Vous pourrez ainsi réaliser environ 14 pièces.

Attendre au moins une heure avant de servir.
Les laddus peuvent se garder dans un récipient hermétique pendant environ 10 jours.

* La quantité exacte d'eau est à évaluer en fonction de la consistance de la préparation, qui, si elle est trop sèche ou trop humide, sera difficile voire impossible à modeler. Il est donc préférable d'ajouter l'eau petit à petit et de faire des essais avant qu'il y en ait trop et que la pâte devienne collante. Ne vous inquiétez pas malgré tout si cela arrive, vos laddus seront très bons, mais ils auront simplement une fâcheuse tendance à s'affaisser...

mercredi 7 janvier 2015

Comment se remettre des excès après les fêtes ?

Comme beaucoup de Français, vous avez peut-être un peu trop abusé des plaisirs de la table pendant les fêtes de fin d'année, et à l'aube de cette nouvelle année vous vous sentez lourd(e) et avez peur d'avoir pris du poids... Un excès de nourritures trop riches peut en effet perturber votre digestion et créer de l'ama.
Vous trouverez dans cet article quelques conseils pour vous aider à éliminer cet ama récemment emmagasiné.

Le premier conseil est évidemment de bouger, autrement dit d'avoir une activité physique qui permette au corps d'éliminer les toxines et les graisses superflues accumulées lors de vos agapes. Mais il existe également des aliments, des plantes et des soins qui peuvent aider le corps à se débarrasser de tous ces éléments indésirables. En voici quelques uns.

Alimentation


Les aliments ci-dessous sont réputés pour leur action nettoyante sur l'organisme et leur capacité à éliminer les toxines (ama) accumulées dans les tissus.
  • Jus de citron (jaune ou vert) : c'est l'un des plus grands détoxifiants de l'organisme, que l'on peut prendre avec de l'eau tiède et un peu de miel d'acacia, tout au long de l'année le matin à jeun pour maintenir l'organisme propre ou plusieurs fois dans la journée (avec éventuellement un peu de gingembre en poudre) en cas d'indigestion. Le jus de citron est toutefois déconseillé aux personnes ayant des problèmes d'hyperacidité gastrique.
  • Lassi : il permet de nettoyer le système digestif et de stimuler l'agni (le feu digestif).
  • Eau chaude : il est important de s'hydrater suffisamment pour permettre au corps d'éliminer déchets et toxines. L'Āyurveda recommande de boire de l'eau chaude ou tiède tout au long de la journée, afin de nettoyer l'organisme en douceur. Pour ce faire, on choisira plutôt une eau faiblement minéralisée (Volvic, Mont Roucous, Rosée de la Reine, Montcalm, eau du robinet filtrée).
  • Tisanes : elles permettent de combiner l'effet de l'eau chaude et des plantes dépuratives. Vous pouvez faire vos propres mélanges en utilisant les épices ci-dessous (en particulier le gingembre, le cumin et la cardamome) ou bien utiliser des mélanges tout faits comme ceux de Terre d'arômes (Kerala, Dépur'activ) ou de Yogi Tea (Detox, Detox au citron, Gingembre, Gingembre citron), que l'on trouve en magasins bio et en épiceries indiennes.
  • Jus de grenade : il améliore la digestion et l'assimilation, stimule le foie et la rate et protège le cœur. Il peut remplacer le jus de citron pour les personnes pour lesquelles ce dernier est contre-indiqué.
  • Jus de pomme ou de raisin : l'un ou l'autre de ces jus (accompagné d'une cuillère à café de miel d'acacia et d'une pincée de sel de roche par verre) peut être utilisé pour réaliser une diète liquide d'une journée afin de nettoyer l'organisme, éliminer l'ama et stimuler l'agni.
  • Miel : il est à la fois tonique, nutritif et nettoyant. C'est le meilleur édulcorant pour kapha. Attention toutefois de ne pas en abuser et de ne pas le chauffer à plus de 40°C, température au-dessus de laquelle il perd ses propriété médicinales.
  • Légumes verts : cuits à la vapeur, ils sont très bons pour nettoyer les canaux du corps (srotas), notamment grâce à leur qualité légère et à leur saveur amère.
  • Mung dal (moong dal) : il s'agit d'un plat réalisé à base de haricots mungo (appelés également soja vert) décortiqués, trempés pendant au moins une heure puis cuits dans 3 à 4 volumes d'eau (non salée) avec des épices - vous pouvez utiliser celles présentées ci-dessous - pendant environ 45 minutes, jusqu'à obtention d'une sorte de purée, à laquelle on ajoute un peu de sel (de roche) et de ghee (ou à défaut d'huile d'olive) au moment de servir. Le mung dal aide le corps à éliminer acides et toxines.
  • Gingembre : il est très utile pour combattre l'indigestion, détruire l'ama et lutter contre les nausées et les vomissements.
  • Curcumail améliore la digestion en corrigeant à la fois les excès et les déficiences. Il contribue à purifier les aliments auxquels il est associé, stimule la flore intestinale, a un effet dépuratif et protecteur sur le foie et le sang, et aide à dissoudre les toxines (ama).
  • Cumin : il est carminatif et stimule efficacement les différents agni sans être agressif.
  • Clou de girofle : il augmente puissamment le feu digestif (agni). Attention, il est contre-indiqué en cas de pitta élevé.
  • Cardamome : elle stimule le feu digestif (agnisans trop augmenter pitta, anime et tonifie la rate, élimine l'excès de mucus (kapha) dans l'estomac, expulse les gaz intestinaux et réduit les ballonnements.
  • Cannelleelle stimule le feu digestif (agni), permettant ainsi de brûler l'ama et de lutter contre l'indigestion.
  • Asa fœtida : c'est un fort stimulant de l'agni qui élimine les gaz intestinaux ainsi que l'ama en cas d'indigestion chronique et de consommation excessive de viande et de nourriture de mauvaise qualité. Cette épice, que vous trouverez dans les épiceries indiennes, est très chaude ; il faut donc l'employer en très petite quantité et éviter de la consommer en cas de pitta aggravé ou de constitution pitta forte.
  • Ail : c'est un nettoyant puissant du sang et du système lymphatique qui favorise la digestion et l'assimilation. À éviter toutefois en cas de pitta élevé.
  • Poivre noir : il est carminatif et stimule l'agni, ce qui permet de brûler l'ama dans le côlon. Il est difficilement toléré par les pitta forts et est déconseillé en cas d'inflammation du système digestif et d'hémorroïdes.


Phytothérapie


Voici à présent quelques plantes ou formules composées ayurvédiques assez facilement disponibles en France, qui ont une action purifiante et nettoyante sur l'organisme.

  • Aloe vera : le jus ou le gel d'Aloe vera permet de nettoyer et d'assainir le système digestif, et de régulariser le métabolisme du sucre et de la graisse.
  • Guggul ou guggulu (Commiphora mukul) : il réduit les graisses et les toxines, et diminue les taux de cholestérol total, de « mauvais » cholestérol (LDL) et de triglycérides.
  • Triphala (Emblica officinalis, Terminalia belerica, Terminalia chebula) : ce mélange de trois (tri) fruits (phala) est l'un des remèdes ayurvédiques les plus utilisés. Il assainit l’appareil digestif, régule le transit intestinal, aide à l’élimination et purifie le sang.
  • Triphala guggul (Commiphora mukul, Emblica officinalis, Terminalia belerica, Terminalia chebula, Piper longum) : cette formulation ayurvédique combine les actions du guggul et du triphala pour une efficacité renforcée.
  • Trikatu (Piper longum, Piper nigrum, Zingiber officinale) : ce mélange de trois (tri) piquants (kaṭu) - poivre long, poivre noir et gingembre - régénère l'agni quand celui-ci est trop faible et aide ainsi à brûler l'ama et les toxines accumulées dans le système digestif. Attention toutefois, tout comme le poivre noir, ce remède est déconseillé en cas de pitta fort, d'inflammation du système digestif et d'hémorroïdes.

Soins ayurvédiques


Certains soins ayurvédiques sont faits pour aider à redonner de l'énergie et à éliminer toxines et graisses en excès. Parmi eux, il y a notamment les soins suivants, que l'on peut associer pour encore plus d'efficacité.
  • Viśeṣa : c'est un massage tonique et vigoureux du corps à l'huile tiède, qui dure environ 45 minutes. Il a un effet drainant et décongestionnant sur les systèmes sanguin et lymphatique, ce qui le rend particulièrement bénéfique pour réduire les excès de kapha (personnes en surpoids, manquant de vitalité) et remédier aux baisses d'énergie saisonnières.
  • Gharṣaṇa : ce soin d'environ 15 minutes consiste en une friction vigoureuse de tout le corps réalisée à sec à l'aide de gants en soie sauvage. Le frottement des gants sur la peau permet de l'exfolier en douceur et d'augmenter la circulation dans tous les canaux du corps, ce qui contribue à l'élimination des déchets non seulement de la peau, mais aussi du corps tout entier. Les mouvements suivent le tracé du système lymphatique, permettant une action décongestionnante et drainante.


samedi 3 janvier 2015

Bonne année


Je vous souhaite une très bonne et heureuse année 2015.
J'espère qu'elle vous conduira sur la voie
du bien-être, de l'équilibre et de la sérénité.